Poissons, coquillages et crustacés : bons pour la santé de nos enfants et ados ?
Texte et photos : Marie-Françoise Souchet
L’ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire) recommande à chaque français de consommer du poisson deux fois par semaine en alternant poisson maigre et poisson gras.
Dr Laurence Plumey, médecin nutritionniste, praticien des Hôpitaux de Paris, professeur de
nutrition, fondatrice d’EPM-NUTRITION et auteure de nombreux ouvrages tels que « Le grand livre de l’alimentation » aux Editions Eyrolles, répond à nos questions :
Pourquoi les produits aquatiques sont-ils bons pour les jeunes ?
« Les enfants et les adolescents sont en pleine croissance ce qui nécessite la consommation régulière d’aliments de forte densité nutritionnelle, c’est-à-dire utiles. C’est le cas du poisson, qu’il soit de pêche ou d’élevage, et des fruits de mer qui sont riches en vitamines, en minéraux et en oligo-éléments ainsi qu’en oméga-3 pour certains d’entre eux. Un cocktail nutritionnel assez rare ! »
Comment renforcer le capital santé des élèves et étudiants tout au long de l’année ?
« Les élèves et étudiants sont soumis à rude épreuve durant leur année scolaire : fatigue, pression, mauvaise alimentation. Les carences sont nombreuses, car surtout pour les étudiants, les repas du déjeuner sont en général succincts, riches en gras et en sucre et pauvres en éléments nutritionnels utiles. »
Les poissons sont-ils suffisamment riches en protéines ?
« Oui. Ils en contiennent entre 15 et 20% soit quasiment autant que la viande et près de 2 fois plus que l’œuf. Une part de poisson d’environ 100 à 150g apporte entre 15 et 25g de protéines, soit près de 30% du besoin quotidien en protéines d’un enfant ou d’un adolescent. Or, jusqu’à 18 ans, la croissance est importante. Les enfants et adolescents ont besoin d’1 gramme de protéines par kilo de poids et par jour, pour l’assumer. Mais trop souvent ces protéines sont essentiellement apportées par la viande. Les poissons comme les fruits de mer ont pourtant leur place autant que la viande au sein d’une alimentation équilibrée car ils apportent des éléments nutritionnels uniques. En l’occurrence, de l’iode, du sélénium, des oméga-3 et de la vitamine D. »
En quoi une alimentation riche en vitamine D est-elle bénéfique ?
« Elle est absolument nécessaire à la fixation du calcium sur les os. Si on en trouve bien sûr dans les rayons du soleil, et dans quelques laitages, seuls les poissons gras en sont dotés. Une seule portion de 100g par jour peut couvrir 100 à 150% du besoin quotidien en vitamine D. Il suffirait d’en manger 2 ou 3 fois par semaine pour couvrir la moitié du besoin en vitamine D de chaque jour de la semaine d’un écolier ou un étudiant, dont on sait qu’ils restent en salle de cours, enfermés quasiment toute la journée. Il est donc important de mettre à leurs menus des sardines, maquereaux, saumon, truites et harengs, sous toutes les formes. Peu importe, la vitamine D est très résistante ! »
Vous mentionnez également l’intérêt de l’iode pour l’organisme…Comment faut-il en consommer ?
« Pour être en forme, il ne faut pas manquer d’iode. Or, les populations qui consomment très peu de poissons et fruits de mer sont celles qui sont les plus exposées aux problèmes d’hypothyroïdie. Ce n’est pas ce que nous voulons pour nos enfants. Les poissons et fruits de mer sont donc les bienvenus. Pour faire le plein d’iode, rien de tels qu’un bon cabillaud, un tartare de thon, une marmite de moules. L’iode est un composant indispensable à la synthèse des hormones thyroïdiennes, qui influent immédiatement sur le tonus et le bon fonctionnement de tous les organes. »
Qu’en est-il des oméga-3 ?
« En France, les enfants, les adolescents et les adultes en sont déficitaires. Pourtant leur efficacité en prévention des maladies cardiovasculaires a déjà été démontrée. Et la prévention de ces maladies se fait au plus jeune âge, je recommanderai donc de ne pas lésiner sur les poissons gras tels que les sardines, maquereaux, truites, harengs à cuisiner selon leurs goûts.
Le Dr Laurence Plumey conclut :
« Il est évident que les poissons et fruits de mer sont utiles à la croissance, à la santé et à l’énergie des enfants et des adolescents. Ils sont riches d’éléments nutritionnels peu retrouvés ailleurs. Par leur forte densité nutritionnelle, leur consommation régulière limite les risques de carences chez les jeunes qui souvent mangent trop mal, trop gras et trop sucré.
C’est le devoir des parents de les intégrer dans le repas, 2 fois par semaine en ce qui concerne les poissons, dont une part de poisson gras, tout en variant les espèces, de pêche ou d’élevage. Il s’agit en effet, non seulement de faire découvrir à nos enfants et adolescents de nouveaux goûts et de nouvelles recettes, mais il faut aussi préserver nos ressources maritimes. Quant aux fruits de mer, c’est tant qu’on veut ! »
Quelques idées reçues :
C’est cher pour 56% des français.
Moules, maquereaux, truite, sardines…la diversité des poissons, coquillages et crustacés est pourtant grande, il y en a pour toutes les occasions et tous les budgets.
C’est difficile à cuisiner ou bien ils manquent de recettes.
Selon une enquête Opinion Way pour respectivement 16 et 18% des français interrogés.
Les professionnels des filières regorgent d’inventivité pour proposer des recettes accessibles et faciles. Quelques idées du site : https://poissons-coquillages-crustaces.fr/ Mug-cake de merlan au micro-onde, Crostini de moules, Maki de truite au fromage frais : ils vont adorer !
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