Parfums Historiques de la Maison Nicolas Danila
Dernière mise à jour : 23 nov. 2023
Vous venez d’ouvrir une boutique pour vos parfums historiques dans un endroit historique. Pourquoi ce choix ?
Nicolas Danila : Effectivement, pour avoir eu la chance de créer des parfums qui resteront dans l’histoire de la parfumerie comme les premiers fraganceuticals®, il me semblait naturel de chercher un endroit historique pour les présenter et les offrir à la vente.
Pourquoi vos parfums sont-ils historiques ?
Si on regarde l’évolution de la parfumerie depuis son origine très lointaine, on peut distinguer quelques grandes étapes.
D’abord ils furent religieux, comme les Kyphi, parfums sacrés de l’Égypte ou les Parfums Sacrés du Roi David. Les parfums des Rois Mages sont à mentionner dans ce cadre. Ces derniers parfums sont en création personnelle actuellement dans ma maison; d’ailleurs les trois bougies de Gaspard, Melchior et Balthazar peuvent déjà être découvertes dans notre boutique.
Ensuite il y eut des parfums de santé ; les deux plus importants sont ceux proposés par Avicenne (celui même qui inventa l’alambic pour distiller les matières naturelles odorantes) et les « Jardins de santé » de Hildegarde de Bingen.
Durant des siècles on se contenta de distiller ou extraire par la cire les molécules odorantes des fleurs, fruits, arbres, racines. Donc uniquement des ingrédients naturels.
Finalement, au XIXᵄ siècle, la chimie se développe énormément et avec les découvertes de nouvelles molécules on proposa certaines de ces molécules de synthèse comme ingrédients pour les parfums. Un bon exemple est le parfum Jicky de Guerlain, créé suite à une déception amoureuse, considéré comme un parfum abstrait, car utilisant des molécules de synthèse, comme la vanilline, en 1889. Et pendant tout le XXᵄ siècle on continua le mélange des deux types de molécules, naturelles et de synthèse. Avec un pourcentage de plus en plus important de molécules de synthèse (moins onéreuses). Pour aboutir aux dernières décennies du XXᵄ siècle à des formules contenant un pourcentage symbolique de produits naturels.
Et seulement au XXIᵄ siècle, en 2005 exactement, une nouvelle étape fut franchie. On créa des parfums qui rappellent un peu les parfums de santé du Moyen Âge, dans la mesure où ils doivent être sans danger pour la santé, avec un éventail de molécules beaucoup plus large, pourtant sans allergènes à déclarer.
Des critères supplémentaires furent ajoutés, comme une forte concentration de molécules naturelles, sans colorants, sans stabilisateurs chimiques, en respectant l’écologie, en promouvant le commerce équitable et visant la neutralité carbone.
Ils furent nommés fraganceuticals®, le nom fut déposé, et nous sommes fiers d’être à l’origine de cette nouvelle classe de parfums qui caractérise cette cinquième étape.
Quel est l’endroit que vous dites historique ? Pour quelle raison vous le considérez comme tel ?
Ayant réussi à créer des parfums historiques, il me semblait judicieux de chercher un endroit réellement historique pour les présenter. Et Paris en offre beaucoup !
En réfléchissant où bat le cœur de Paris, deux endroits viennent à l’esprit. Le cœur religieux de Paris bat certainement dans la cathédrale Notre-Dame de Paris. Le cœur du savoir, universitaire, bat à la Sorbonne. Quel meilleur lieu qu’en réunissant les deux ? C’est le choix de la Rue du Fouarre située entre ces deux endroits.
La rue du Fouarre s’appelait d’abord « rue des Écoliers », puis « rue des Écoles », en 1264, car la première Université de Paris s’y réunit. Vers 1300, elle est nommée « rue au Feurre ». Le mot « feurre » qui a donné le mot « fourrage » fait référence à la paille sur laquelle étaient assis les écoliers pour suivre les cours. Plus tard, Dante Alighieri fréquenta les écoles de la rue du Fouarre en 1304 et il mentionne cette rue dans son ouvrage la Divine Comédie au chant X du Paradis, sous le nom de « Vico degli Strami » (Rue du Fourrage) comme lieu où le philosophe Siger de Brabant enseigna à Paris. Il suivait lui-même les leçons de Brunetto Latini, Florentin émigré comme lui. À sa mémoire, la plus grande partie de la rue du Fouarre s’appelle aujourd’hui la rue Dante.
Derrière cette rue se trouve l’église Saint-Julien-le-Pauvre, une des plus vieilles églises de Paris. Construite en 1165 en même temps que la cathédrale Notre-Dame de Paris, elle a connu de nombreux remaniements, mais certains éléments datent encore de cette époque.
Tout près, dans le square Viviani, qui offre la plus belle vue sur la cathédrale, on trouve le plus vieil arbre de Paris. Il s’agit d’un robinier apporté d’Amérique du Nord et planté en 1601, et encore en excellente santé.
Enfin, notre propre boutique se trouve au numéro 10 rue du Fouarre, dans un immeuble construit entre 1801 et 1850.
Il y a sept parfums correspondant à 7 civilisations : européenne, amérindienne, asiatique, amazonienne, arabe, aborigène et polynésienne. En fait, l’histoire d’Aladin n’est pas finie. Aladin a eu sept enfants et chaque enfant a créé une nouvelle civilisation, a bâti un magnifique château dans un jardin extraordinaire. Le génie de la lampe (un cousin) nous a aidés à formuler des parfums inoubliables, venant naturellement des fleurs, des fruits, des feuilles, des écorces, des arbres et des racines de ces jardins. Des parfums de rêve ! D’ailleurs je dis souvent que « si le regard est la fenêtre de l’âme, le parfum est la porte des rêves ». C’est la devise de mes parfums.
J’invite les lecteurs à venir sentir ces parfums qui font désormais partie de l’histoire de la parfumerie, malgré l’hostilité de ceux qui ne sont pas capables d’en faire autant. Il me semble que c’est une bonne idée pour la santé publique en général et pour les femmes qui se parfument, en particulier. En plus, en achetant un parfum on peut faire trois souhaits que le génie de la lampe va s’empresser de réaliser, sans faute !
Que souhaitez-vous pour vos parfums ?
Mon souhait est d’avoir la possibilité de les présenter au plus grand nombre de personnes pour qu’elles puissent juger par elles-mêmes de la qualité de ces parfums, et leur permettre de les acquérir. Ils auront donc une vraie œuvre d’Art et ils peuvent garder le flacon comme pièce de collection, car il est sculpté, signé et numéroté.
Propos recueillis par Rodica Iliescu
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